Pauline commence son parcours par des études de médecine puis elle se rend compte que cela ne lui correspond pas. Elle s’oriente ensuite vers le droit, et se spécialise dans le droit de la construction après un stage qui l’a passionné dans le BTP. Elle nous présente son métier de juriste dans le BTP.
Est-ce que tu peux nous présenter ton métier ?
Je suis juriste dans une entreprise spécialisée dans les métiers de la construction. Le métier de juriste en entreprise consiste à accompagner l’entreprise dans toutes les problématiques juridiques qu’elle rencontre dans le cadre de son activité (pour une entreprise de BTP, ce que l’on appelle le « cœur de métier », c’est de faire des travaux).
Cet accompagnement du juriste permet à l’entreprise d’exercer son « cœur de métier » conformément à la législation et à la règlementation française, européenne et internationale.
Les problématiques juridiques que peut rencontrer une entreprise pour exercer son activité en toute conformité sont très variées, et c’est la raison pour laquelle les juristes sont très souvent spécialisés dans un domaine particulier (droit du travail, droit des sociétés, droit des contrats, etc.).
Pour ma part, je suis spécialisée en droit de la construction, ce qui me permet d’accompagner l’entreprise dans le cœur même de son activité.
Quelles sont les missions que tu réalises ?
Le juriste est toujours au service du métier.
Il ne réalise pas qu’un seul type de mission, il accompagne les opérationnels dans l’ensemble des actions qu’ils mènent. Je suis donc susceptible d’apporter des conseils sur les contrats qui sont signés, pour leur rédaction, leur négociation, ou lors de leur exécution.
Mon rôle est d’éclairer les opérationnels sur les éléments de langage juridique, pour qu’ils puissent comprendre les éléments de langage qui sont propres aux juristes. J’ai également la mission d’avertir sur les risques qui sont pris dans tel contrat ou sur tel chantier.
Le rôle du juriste est d’être toujours proactif, de proposer des solutions. Si la première étape c’est souvent de pointer les difficultés ou les problèmes, l’étape suivante c’est de proposer des solutions, dans l’intérêt de l’entreprise, et conformes à la règlementation.
Une autre facette de ce métier qui est à mon sens très importante est la formation. Cela permet de donner aux opérationnels des notions juridiques adaptées à leurs besoins pour qu’ils soient plus performants dans leur métier au quotidien.
Un exemple de journée que tu peux avoir ?
Dans le BTP ce qui est particulier, c’est que les personnes qui nous sollicitent, sont sur le chantier, ce qui est un petit peu différent que dans d’autres secteurs car les contacts sont donc principalement par téléphone ou par visio. Mais c’est également important de se déplacer sur les chantiers pour aller voir les gens !
La journée type est consacrée à travailler sur les questions qui nous sont posées, qui peuvent être être simples ou plus compliquées et nécessitent des recherches plus ou moins poussées. Dans une journée, il y a donc nécessairement une partie du temps qui est consacrée aux recherches et à la restitution de la recherche. Pour bien comprendre les questions qui nous sont posées, il peut être nécessaire de beaucoup échanger avec les gens, pour bien comprendre les enjeux de leurs dossiers.
J’ai également des journées qui sont « consacrées » à des missions plus spécifiques, comme par exemple donner des formations en interne.
On passe aussi beaucoup de temps en réunion, car c’est important d’échanger avec les gens et de bien comprendre leurs enjeux et problématiques.
Quels sont les compétences nécessaires pour faire ton métier ?
Le métier de juriste implique d’être curieux, pour bien comprendre les besoins des gens et leur activité.
Il faut également être disponible et réactif pour les personnes qu’on accompagne et savoir s’adapter aux contraintes de nos interlocuteurs, notamment de timing.
Enfin, le juriste du XXIe siècle doit être créatif et inventif et vivre avec son temps. Aujourd’hui, l’intelligence artificielle est un vrai soutien pour le métier de juriste. Des entreprises spécialisées ont créé des logiciels qui viennent soutenir les métiers juridiques, par exemple en analysant des contrats ou des décisions de jurisprudence. Il faut savoir s’adapter à ce monde l’informatique et des nouvelles technologies.
Quels sont les côtés plus négatifs de ton métier ?
Tout d’abord, il peut y avoir un peu de frustration car le juriste reste une fonction support : il accompagne, mais il ne fait pas. Et dans certaines entreprises, ce rôle est parfois peu reconnu.
C’est une mentalité qui est en train de changer, notamment avec les nouvelles générations qui ont été formées un peu différemment dans les écoles d’ingénieur.
Ensuite, le rôle du juriste, c’est d’assurer la sécurité juridique de son entreprise. Et parfois cela contraint à dire non, parce que les questions qu’on nous pose, les propositions qu’on nous fait, ne sont pas conformes à la loi, ce qui peut frustrer ou vexer les gens, voire même aboutir à des situations de conflit.
Et puis, il peut également arriver que l’entreprise prenne des décisions contraires à l’avis qu’on a donné. Il faut aussi savoir rester à sa place et savoir que le droit ce n’est pas une fin en soi. cela reste « uniquement » un outil de l’entreprise parmi d’autres outils, qui permet aux dirigeants de prendre les décisions en ayant toutes les cartes en main.
Qu’est-ce qui t’a amené à ce métier ?
Le droit n’était pas mon 1er choix d’études. J’ai d’abord fait deux années de médecine. Cela n’a pas marché mais je n’étais pas faite pour cela. Et puis je suis allée m’inscrire en droit parce que les matières dans lesquelles je marchais bien, c’étaient les langues, l’histoire géographie, et le français, des matières assez littéraires en fait. Mais j’ai aussi un caractère très analytique et je suis surtout très rigoureuse.
Les études de droit m’ont bien convenue car je pense avoir les qualités pour être un bon juriste et notamment la rigueur, le côté analytique qui implique de partir d’une situation, d’un problème, et de dérouler un raisonnement pour enfin trouver une solution avec tous les outils qu’on a à notre disposition.
J’ai tout de suite été intéressée dans mes études par les contrats publics, et j’ai eu l’opportunité de faire un stage dans le BTP en 3ème année de droit. J’ai adoré ce secteur parce que d’une part c’est très concret, et qu’il allie en permanence le droit public et le droit privé, qui fait que l’on ne s’ennuie jamais !
Et ton parcours académique ?
J’ai fait une licence de droit à Assas. En parallèle, j’ai suivi le programme du collège de droit d’Assas, qui est ouverte aux élèves ayant obtenu une mention TB au bac. Le collège de droit est une filière exigeante mais elle permet de comprendre le droit et d’envisager les matières juridiques par d’autres angles, ce qui est une véritable ouverture d’esprit.
Pour ma part, j’avais par exemple pris une spécialité droit-économie qui m’a donnée des bases de finance, marketing, etc. me permettant de mieux comprendre le fonctionnement des entreprises. J’ai ensuite continué mon cursus en Master 1 de droit public et en Master 2 spécialisé en droit de la construction.
Quels sont les conseils que tu peux donner à des lycéens qui vont s’orienter dans le droit ?
Il y a beaucoup de façons de pratiquer le droit, à travers différents métiers mais également à travers différentes spécialités. Tout le monde n’est pas fait pour être notaire, avocat, juriste d’entreprise.
Il est donc important de connaitre ces métiers avant de choisir, et cela passe par des stages, pour « voir en vrai » ce qui constitue le quotidien de ces professions. Cette initiative est importante pour les étudiants, d’autant plus que les stages ne sont pas obligatoires dans les études de droit.
Je pense aussi qu’il faut se détacher du côté « prestige » de certains métiers, et vraiment analyser concrètement les fonctions de ces métiers, leur quotidien, le rythme de vie que cela implique.
C’est également important de travailler sur une matière qui nous intéresse, dans un secteur qui peut être ou devenir une vraie passion !
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