Blaise Rouleau est passionné par son métier. Son travail consiste à manager des équipes qui développent des produits innovants pour Valéo, un équipementier automobile. Il nous présente son parcours dans les fonctions R&D et apporte son retour d’expérience et ses réflexions, aux jeunes ou futur jeunes ingénieurs qui veulent s’orienter dans cette voie. Il donne des pistes pour concrétiser un projet professionnel dans la R&D.
Est-ce que vous pouvez vous présenter ?
J’ai 51 ans, je suis R&D Manager au Mexique chez Valeo, qui est un équipementier automobile. J’ai toujours travaillé dans la même entreprise. J’étais passionné avant tout par l’industrie, j’ai grandi dans ce milieu. Je voulais faire un job qui avait du sens pour moi. Après le bac, j’ai commencé par un DUT en mécanique et j’ai poursuivi mes études en Angleterre à Kingston University. J’ai ensuite fait un master sur le management de l’innovation à l’UTC de Compiègne. Je suis passionné par les processus innovants dans les entreprises et la transformation de ces processus en succès commerciaux. J’ai commencé par un stage de fin d’études chez Valeo et je n’en suis jamais sorti.
Comment avez-vous trouvé votre 1er job à la fin de vos études ?
J’ai identifié les entreprises qui avaient intégré leurs processus d’innovation dans les règles de management et dans leur stratégie. J’avais travaillé auparavant dans une entreprise allemande, et là je souhaitais rejoindre une entreprise française, c’était important pour moi. J’avais fait un stage dans le secteur automobile et Valeo était une entreprise qui avait le vent en poupe. J’ai trouvé tout de suite mon stage qui s’est par la suite transformé en CDI. Cela s’est fait assez facilement en fait. Mes expériences en Angleterre, au Mexique, et mon stage dans une entreprise allemande, cela leur a plu. C’est une entreprise qui croyait beaucoup à la diversité des parcours.
Est-ce que vous pouvez nous parler de vos fonctions R&D chez Valeo ?
J’ai réalisé beaucoup de métiers différents. Il y a une quinzaine d’années, j’étais dans une équipe qui développait des machines électriques pour les voitures hybrides et j’ai travaillé sur un moteur alternateur pour les applications stop-start des voitures. Au Mexique, j’encadre des équipes de développement, des équipes projet applicatives qu’on fait monter en compétences sur le suivi des projets et l’accompagnement des projets des clients. Ce qui me plait c’est de développer des produits innovants qui vont être livrés dans le monde entier. Et j’aime accompagner les équipes, identifier des talents, les faire connaitre et faire en sorte qu’ils génèrent une plus value pour les projets et l’entreprise.
Comment vous décririez la R&D à un jeune qui s’y intéresse sans vraiment savoir ce que c’est ?
C’est très vaste , la R&D. Je dirais qu’aujourd’hui, il y a deux types de R&D. Le premier est la recherche type CNRS où on défriche le terrain, on est en terrain inconnu, on est vraiment à la pointe. C’est ce qu’on appelle la R&D avancée. Moi j’étais plus dans une R&D applicative pour développer un produit entièrement nouveau et où on utilise les résultats de la recherche pour faire un produit, pour une application donnée avec un objectif industriel et commercial. Cela n’est d’ailleurs pas forcément le cas de la recherche avancée. On défriche mais on ne sait pas toujours ce qu’on va trouver.
Qu’est-ce qui vous plaisait quand vous avez commencé dans la R&D ?
On était un groupe de 10 personnes, on était passionné, on avait l’impression de faire quelque chose de complètement nouveau, on était porté par une certaine foi et par la dimension écologique du produit. Il y avait une grosse motivation et beaucoup d’enthousiasme. On était vraiment porté, même si ce n’était pas toujours facile. Et aujourd’hui, je suis plus sur le management, j’essaie de faire en sorte que les équipes puissent travailler dans les conditions que j’ai pu connaitre, se sentent valorisées, reconnues, et grandissent.
Qu’est-ce qui vous a fait rester dans l’entreprise Valeo ?
Je suis resté 25 ans, je ne me suis jamais ennuyé, j’ai fait des missions différentes. J’ai vu des amis qui ont beaucoup bougé mais moi j’étais bien donc je n’ai pas cherché à changer. Mais il faut dire qu’en R&D, on a une des populations les plus stables notamment quand ils sont alimentés par des projets comme ceux sur lesquels j’ai travaillé. Mais après, il y a un besoin de renouvellement, parce que les technologies évoluent, il y a de nouvelles problématiques qui se présentent donc on recherche de nouvelles compétences, comme des compétences en informatique, en électronique…Ce sont des profils qui ont des nouvelles manières de travailler.
Est-ce qu’il faut avoir un profil marketing ?
Je pense qu’il y a avant tout beaucoup de passion dans les ingénieurs qui travaillent avec moi. Ils ont des profils différents, des caractères différents. Ce qui me frappe surtout c’est leur investissement, leur passion à faire du mieux qu’ils peuvent. Je pense que la difficulté principale rencontrée, c’est celle du compromis : on travaille sur un produit qui va être mis sur le marché, de ce fait, on ne peut pas tout faire, il faut prendre des décisions. Il peut y avoir des frustrations dans le métier. La clé dans tout projet de R&D, c’est l’équipe, se sentir porté par la même mission même si on a des compétences différentes. Donc pour résumer, dans la R&D, il y a de la place pour tous les profils, il faut trouver ce qui va correspondre à sa personnalité.
Que vous a apporté le master en innovation pour intégrer ces fonctions R&D?
Cela m’a permis de découvrir les processus d’innovation, d’avoir des compétences en finance. J’ai aussi développé des compétences en gestion de projet. En master, on étudie des processus d’innovation que l’on convertit en succès financiers. Ces notions qu’on acquiert pour savoir comment fonctionnent les entreprises innovantes sont importantes. Il faut pouvoir donner des arguments, comprendre les inquiétudes des financiers et leur apporter des éléments techniques pour leur montrer les retours sur investissement. Le master m’a donné une crédibilité dans mon parcours, et m’a permis de prendre des responsabilités. Je maitrisais les aspects techniques mais aussi organisationnels, planning, projet, et j’étais intéressé. Il faut savoir travailler avec les contrôleurs de gestion, les comptables qui finalement contrôlent les projets et apportent aussi beaucoup.
Quelles sont les compétences qui sont recherchées?
On recherche des personnes qui ont bourlingué, qui n’ont pas suivi de parcours un peu stéréotypés, des personnes qui se sont cherchées, qui ont fait des bas côté, et qui savent exactement ce qu’elles veulent faire, et comment elles veulent le faire, parce qu’elles se sont posées des questions. Peu importe le « pédigré », c’est le cheminement qui est important. Ce qui est le plus important finalement, c’est cette attitude qui permet à l’équipe d’aller de l’avant, travailler ensemble, donner les bonnes informations, faire preuve d’intelligence.
Quelle seraient vos recommandations pour s’orienter dans la R&D et l’innovation?
Pour réussir dans la R&D, je pense qu’il n’y a pas de règle générale, il faut aller vers ce qu’on aime, bien se connaitre et trouver ce qu’on recherche. Vous devez identifier les secteurs porteurs de demain, et aller là où vous allez mettre un pied à l’étrier. Il y a énormément de besoins existants ou à créer. Mon conseil serait donc de trouver un domaine porteur d’avenir pour notre société et en même temps passionnant.
Si vous réfléchissez à votre orientation et souhaitez être accompagnés dans ce processus, contactez-nous, pour un 1er rdv gratuit qui peut se faire en visioconférence.