Eric est rédacteur en chef. Il nous parle ici de son parcours, construit au gré des opportunités et qui l’a mené à son poste actuel. Au fil de ses réponses, il met en lumière les évolutions qu’est en train de connaitre son secteur et donne ses conseils aux jeunes qui voudraient se lancer. Il nous montre surtout que, dans le journalisme plus que dans tout autre domaine, il n’y a pas de chemin déjà tracé.
Quel est ton métier ?
Je suis rédacteur en chef de l’édition française d’un média accessible sur internet. Mon rôle est d’animer la rédaction francophone, composée de 6 journalistes titulaires et de pigistes volontaires ou sollicités. J’ai un rôle d’animation, de stimulation et de respect de la ligne éditoriale définie par le directeur de la publication. Je m’assure que les actualités que l’on traite correspondent aux attentes des lecteurs potentiels. Il s’agit, pour mon équipe et moi-même, de trouver les bons angles, les bonnes accroches, les bonnes illustrations.
Plus particulièrement, j’encadre la rédaction d’un article dans un temps assez court, de sa conception à sa rédaction, son intégration et son édition. En presse web, les formats sont beaucoup plus souples, ce qui fait que les métiers de la presse web ne sont pas aussi cloisonnés que ceux de la presse traditionnelle. Il faut conceptualiser l’article du début à la fin : de l’idée, à la rédaction, à la mise en page, à la diffusion. Il faut couvrir tous les spectres de la profession.
Qu’est-ce qui te plait dans ton métier ?
Ce qui me plait c’est que je peux accompagner un sujet du début à la fin. J’aime avoir la mission de sentir les besoins des gens, trouver les sujets qui vont les faire réfléchir, les faire réagir et les enrichir. J’aime pousser les journalistes à donner le meilleur d’eux-mêmes en les faisant traiter les sujets les plus intéressants, en réfléchissant sur le format (interview, brève, article nourri, tribune…). J’ai aussi le rôle de faire des liens entre les actualités présentes et passées. Le rédacteur en chef ne se cantonne pas à une spécialité ou à un genre mais embrasse tout.
Pourquoi t’être orienté dans le journalisme ?
Je n’ai pas fait exprès d’être là où je suis ! Quand vous aimez raconter des histoires, partager, aller plus loin, le journalisme est fait pour vous. En fait, on est payé à être curieux ! C’est une profession qui ne vous met jamais en pause, il faut être sur le qui-vive.
Peux-tu nous parler de ton parcours ?
J’ai mis du temps à y arriver. Après mon bac, je me suis orienté en droit, pensant que c’était la voie qui me correspondrait. Mais très jeune déjà, j’aimais écrire et raconter. Je me souviens avoir raconté un voyage de classe en 5ème, c’est mon premier souvenir de rédaction journalistique. Je me suis donc intéressé à cette profession au fur et à mesure. J’ai commencé à faire des stages en presse hebdomadaire régionale (PHR). C’est, je pense, la meilleure école pour s’initier au journalisme. Cela concerne le quotidien des gens. En plus, on croise nos lecteurs tous les jours, donc on n’a pas le droit à l’erreur ! Il faut pouvoir écrire sur tout, en un temps restreint. C’est très formateur.
J’ai ensuite passé les concours d’écoles. Lorsque l’on est dans une école reconnue par la profession on est très bien pris en charge ; celles-ci assurent une meilleure insertion dans le monde professionnel. J’ai suivi une formation de 2 ans à l’IUT de journalisme de Bordeaux (aujourd’hui IJBA). Je voulais faire de la télévision, puis je me suis tourné vers internet, support encore très décrié à l’époque. Après plusieurs expériences, je suis arrivé chez là où je travaille actuellement. Il m’a fallu reconstituer une équipe de rédaction, trouver des développements, un intérêt éditorial. Finalement, mon parcours ne fait pas exception : dans la presse tout est fait de concours de circonstances.
Comment vois-tu ton métier dans 10 ans ?
Le journalisme va évoluer c’est sûr ! On constate une délégitimation des médias qui est peu encourageante. Il y a également un morcellement de l’information à la faveur du web. On trouve aujourd’hui beaucoup de marques médias qui durent très peu de temps. L’enjeu est donc de créer une marque média qui soit capable d’entretenir de façon différente une relation particulière avec nos lecteurs qui sont de plus en plus exigeants. De manière générale, le journalisme évolue sans cesse : les métiers du print (presse papier) auront disparu pour la plupart, beaucoup de médias web populaires aujourd’hui ne seront peut-être plus là dans 10 ans. Il y a un vrai turnover de marques médias. Il ne faut pas penser que tout est installé et durera, au contraire !
Comment vois-tu ta carrière évoluer ?
Je ne serai probablement pas rédacteur en chef toute ma vie. En effet, l’écriture me manque. Le rédacteur en chef a 2 possibilités principales : soit il prend du grade et s’oriente davantage vers la stratégie, la finance, domaines dans lesquels il reste une sensibilité éditoriale mais le journalisme n’est plus vraiment son métier, soit il revient avec beaucoup d’humilité au terrain. De mon point de vue, être rédacteur en chef n’est pas une fin en soi.
Quelles sont les qualités et compétences requises pour être journaliste ?
Il faut de la curiosité, de l’empathie, éprouver de l’intérêt pour les choses et les gens autour de nous. Il faut aussi de la rigueur dans la recherche d’information, dans ce que l’on en fait, dans ce que l’on nous dit. Et donc il faut inévitablement un esprit critique et une prise de recul par rapport à l’information. L’idée n’est pas de donner son opinion mais de déceler les opinions qui nous sont présentées sous couvert d’information.
Qu’en est-il de la rémunération ?
Si vous avez l’intention de faire fortune, ce n’est pas le métier à faire ! C’est un milieu qui est précaire, notamment pour ceux qui commencent. La difficulté dans la presse est de s’insérer dans le marché. Une fois embarqué dans une rédaction, les choses se facilitent. La rémunération une fois que l’on est inséré est tout à fait correcte.
Que dirais-tu à un jeune qui veut être rédacteur en chef ? Ou se lancer dans le journalisme ?
Il faut être très déterminé. Il faut faire ça par curiosité, par souci de vérité. Pour y arriver, une énorme culture générale est requise. On ne peut pas faire le choix de ses centres d’intérêt. Il faut être suffisamment curieux pour se tenir au courant de ce qu’il se passe et de ce qu’il faut savoir dans n’importe quel domaine. De manière plus concrète, je conseillerais d’intégrer une école reconnue par la profession qui assurera une meilleure insertion des étudiants. Les autres fleurissent beaucoup mais prennent moins en compte les enjeux liés à l’insertion. Pour être journaliste, il faut d’abord s’exercer, apprendre à écrire, l’originalité vient après. Mais finalement, les meilleurs journalistes sont ceux qui n’ont pas fait d’école ! Il faut nécessairement des prédispositions, que l’on développe ensuite.
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Superbe article.
Merci. Contente qu’il vous ait intéressé. L’interview était effectivement très intéressant.