Morgane est infirmière de coordination en cancérologie maxilo-faciale à la Pitié Salpêtrière. Elle témoigne sur son métier qui fait partie de sa vie depuis 25 ans. Pour elle, ce métier était une évidence. D’ailleurs, si elle voulait changer de métier aujourd’hui, elle ne saurait pas quoi faire d’autres…
Qu’est-ce qui vous a amené au métier d’infirmière ?
J’étais attirée par l’hôpital. Je recherchais un métier où il y avait un fort relationnel. J’étais aussi attirée les métiers du soin. En 3ème je voulais être médecin mais en 2nde j’ai réalisé que ce n’était pas fait pour moi, je n’étais pas tellement scolaire. Les études de médecine demandent une très forte capacité de travail. J’ai abandonné l’idée d’être médecin sans regret. Et puis, je me suis tournée très vite vers le métier d’infirmière mais absolument pas par défaut. Un stage en 1ère dans un hôpital a confirmé ce choix et ce fut pour moi une évidence. Je voulais devenir infirmière !
Qu’est-ce qui vous plait dans ce métier ?
La relation à l’autre, le soin. C’est un métier où on donne beaucoup, mais on reçoit énormément aussi. Il y a une relation très forte à l’humain. On vit des histoires de vie et des histoires de maladie très intenses. On est confronté à des situations extrêmement particulières mais très enrichissantes. C’est un métier où il n’y a pas de routine, il n’y a pas de journées qui se ressemblent. Chaque jour est différent et au bout d’autant de temps de carrière, on reste tous les jours un peu étonné.
Comment gérez vous justement cette partie qui peut être dure émotionnellement ?
J’ai toujours été dans des services très difficiles et je dirai que cela s’apprend avec l’âge. A 21 ans quand j’ai commencé, je n’étais pas comme aujourd’hui. C’est aussi un travail en équipe et c’est l’entente avec l’équipe qui nous permet d’affronter des situations compliquées. Et puis, on a la possibilité de beaucoup se former si on le souhaite, car ce n’est pas obligatoire, sur la relation d’aide, sur l’accompagnement à la mort…qui nous permet de prendre du recul.
Après c’est un métier où il faut bien cerner ses limites car cela peut devenir très difficile. Les situations sont des situations qui restent professionnelles et qui ne doivent pas toucher à votre intime et je dirai que même si elles vous touchent, vous devez prendre ce fameux recul qui permet de continuer à s’occuper des patients. Même si on vit des choses très dures parfois, on dit au revoir à des patients à qui on s’est attaché, il faut arriver à faire la part des choses entre ce qui vous concerne et ce qui ne vous concerne pas. Ça s’apprend mais il faut en avoir conscience. Moi je savais par exemple que des services comme la pédiatrie ou la psychiatrie n’étaient pas faits pour moi. En revanche, j’ai fait de la réanimation, beaucoup de cancérologie…et ça c’est quelque chose qui me correspond plus et que je maîtrise.
Quel parcours d’études avez-vous fait pour faire ce métier ?
J’ai eu un bac scientifique et puis je suis tout de suite rentrée en école d’infirmière. Avec le recul aujourd’hui, je ne suis pas sûre que le bac scientifique soit la clé pour faire ce genre d’études. Ce qui est important au delà de la réussite des études, et du diplôme, c’est d’avoir la fibre pour exercer ce métier, d’être motivé(e), intéressé(e). Ce n’est pas un métier que l’on choisit par défaut, cela doit un vrai projet professionnel et je dirai même un projet de vie.
Que faut-il comme qualités pour exercer dans ce métier?
Il faut être travailleur, il faut aimer travailler. Après l’empathie et l’écoute sont aussi importantes. C’est également un métier où il faut avoir un sens critique. On est certes des exécutants mais il faut réfléchir à ce que l’on fait ! On a un vrai sens clinique qu’il faut défendre. C’est quelque chose qu’il faudrait inculquer aux jeunes générations lors de leur formation. C’est aussi un métier de responsabilité, donc il faut avoir de la rigueur et de l’empathie.
Il n’y a pas de frustrations de laisser les médecins faire les diagnostics ?
Non je ne pense pas. A chacun son métier. En tout cas, s’ il y en a une, il faut se poser des questions. A l’hôpital, le médecin ne peut pas se passer de l’infirmier(e) et inversement. C’est un travail d’ équipe avec un esprit d’équipe. Certes un(e) infirmièr(e) est un(e) exécutant(e), mais avec un sens clinique important. Son expertise en soins est reconnue dans une équipe, son avis compte dans les décisions médicales. Mais la décision finale sera toujours médicale.
Après, c’est un métier en pleine évolution, il y a plein de métiers qui se sont ouverts récemment au métier d’infirmièr(e) comme l’ éducation thérapeutique, la coordination dans des services de maladies chroniques comme la cancérologie, les maladies neurologiques. Moi j’occupe ce poste en cancérologie. C’est une autre manière d’exercer avec une expertise, pour ma part dans le parcours de soins d’un patient en cancérologie, expertise reconnue à la fois par les acteurs de santé mais aussi par le patient et son entourage . Le métier d’infirmièr(e) va être amené à évoluer notamment avec la création depuis cette année d’un master en clinique infirmier, appelé infirmier en pratique avancé (IPA). Avec ce master, il existera une nouvelle manière d’exercer son métier d’infirmier(e). En collaboration avec les médecins, nous pourrons assurer des consultations, pourrons prescrire…Bref c’est un métier en pleine évolution.
Quels conseils donneriez vous à des jeunes attirés les métiers du soin mais qui ont des doutes sur leur capacité à gérer justement ces situations difficiles auxquelles vous êtes confronté(e)?
Très rapidement dès la 1ère année on se rend compte si on supporte ou pas. Après si ce sont des jeunes qui sont attirés par le soin, par cette idée de prendre en charge des patients en situation de maladie ou dans une situation particulière, il faut se lancer. Cela peut être intéressant de rencontrer et de parler avec des personnes qui exercent ce métier pour avoir des réponses à leurs questions. Cela peut être une bonne idée de faire un stage en hôpital quand on est encore au lycée. La peur de se tromper ? S’ ils se trompent au bout de la 1ère année, ils changeront. En tout cas, il faut avoir le courage d’arrêter quand il est encore temps car il y a beaucoup de contraintes, il faut dire les choses comme elle sont. On a un rythme très soutenu et puis on voit des choses difficiles. Il faut s’écouter aussi. Il faut s’engager dans ce métier en se disant que c’est un métier rigoureux et exigeant mais comme beaucoup de métiers en fait.
Si vous pensez que le témoignage de Morgane peut intéresser des étudiants attirés par le métier d’infirmier(e) et plus généralement par les métiers du soin et du médical, partagez-le. Vous avez une question sur votre orientation ou votre réorientation, vous cherchez un 1er job, un stage, une alternance, ou vous souhaitez changer de job, prenez contact avec nous pour une 1ère séance de coaching et conseils gratuit.
Retrouvez ici toutes les infos sur les études d’infirmier(e) qui sont désormais sur Parcoursup :
https://www.infirmiers.com/admission-ifsi/devenir-infirmiere/apres-admission-ifsi-le-deroulement-des-etudes.html
https://www.onisep.fr/content/location/81003/version_longue